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Nicolas HULOT, envoyé spécial du Président de la République française pour la protection de la planète

Nicolas HulotIL est l’un des activistes pionnier dans la lutte pour un environnement sain et responsable. Journaliste de formation, il a un parcours atypique. Eu égard de son comble noble, il se voit couronné en novembre 2012 par le Président français, François Hollande, comme envoyé spéciale de ce dernier pour la protection de la planète. Dans ces attributions, il a sillonné dans 4 pays de l’Afrique Centrale.

Nicolas Hulot explique que Fasse aux problèmes que rencontrent les écosystèmes dans lesquels vivent les éléphants. Il se pose l’urgence d’une action, car, d’après les scientifiques, si rien n’est fait dans les cinq années à venir, les éléphants des forêts pourraient disparaitre.

Il précise que le but de son voyage consiste à écouter premièrement les acteurs de terrain, les responsables politiques ensuite et enfin comprendre pourquoi en dépit des efforts qui sont mis en œuvre pour résoudre cette problématique la situation ne fait que s’empirer. Considérant le cas par exemple des pays d’Asie qui sont les premiers consommateurs d’ivoire, « je ferai un rapport et je regarderai quelles initiatives diplomatiques en France ou en Europe peut servir de support pour détruire cette menace. », déclares-t-il.

Le but de cette mission est premièrement diplomatique, car tournée vers les enjeux du long terme, au premier rang desquels les enjeux climatiques, conjointement aux enjeux de biodiversité et ceux liés aux océans et à la désertification. Il est donc question de faire remonter à la surface des préoccupations tous ces enjeux qui conditionnent la solidarité à laquelle l’ensemble de la communauté internationale est attachée. Ceci dit, sa présence en Afrique est poussée par la menace de disparition qui pèse sur les éléphants des forêts d’Afrique centrale. Cette problématique s’inscrit ainsi dans un domaine beaucoup plus large à savoir la protection de la biodiversité et la préservation de la forêt.

Il ressort des échanges avec les autorités des quatre pays concernés qu’elles ont des problématiques communes et des causes diverses à la disparition des éléphants. Le premier problème soulevé est celui du braconnage de subsistance quoiqu’inoffensif et négligeable, mais des dispositions devront êtres prises pour éviter qu’il ne s’étende à une grande échelle. Le second problème est celui du trafic de l’ivoire. Il s’agit d’une criminalité organisée qui est excessivement intéressante en termes de profit pour les intermédiaires et commanditaires. Troisièmement enfin, il se pose le problème de la stabilité que rencontrent certaines régions. On note à cet effet le passage des armes.

Pour remédier à ces difficultés, quelques stratégies ont été pensées par les pays concernés et la communauté internationale. La première idée est celle selon laquelle les Etats concernés doivent pourvoir en terme de soutien diplomatique et technique de la communauté internationale auprès de la CEEAC. La seconde recommandation concerne les responsabilités nationales au niveau des problèmes structuraux et étiques rencontrés tels que la bonne gouvernance, la corruption, l’impunité et aussi celui du renforcement des capacités des éco gardes et des rangers dans les territoires concernés.

En plus des autorités des quatre pays concernés, des échanges ont été menées aussi avec la société civile. Cette dernière se sent parfois bien isolée et les bonnes initiatives sont parfois effacées par des pratiques, soit de certaines entreprises qui s’exonèrent un certain nombre de responsabilités, des thèses et des mécanismes qui sont sensés régler les problèmes, mais qui, arrivés sur le terrain tout ne fonctionne pas. M. Nicolas Hulot a d’ailleurs promis à la société civile de tenir compte de leurs doléances et en tant que relais, de rendre compte aux responsables politiques concernés qu’ils soient ministres, ambassadeur, médiateur ou chefs d’Etats. Il reconnait la limite d’accès à l’information que connaissent certains chefs d’Etats auxquels il essaie d’apporter des éclaircis et des observations fiables et réalistes.

Des promesses ont été faites à Copenhagues concernant les changements climatiques dont l’Afrique est la principale victime. Certaines d’entre elles ont été réalisées, tandis que d’autres sont encore en cours de réalisation. Il s’agit notamment des fonds Fast Start. Les mécanismes comme le REDD+ par exemple demande un certain nombre de procédures. La RDC par exemple a pris de l’avance concernant le REDD+, car son ministre de l’environnement et des forêts s’est rendu à Paris pour poser ses plans d’action qui permettront qu’ils bénéficient des subventions du REDD+, ce qui demande du temps et de la préparation bien avant.

M. Nicolas Hulot affirme qu’au cours de ses 25 années d’engagement aux côtés des ONG, il est le premier à être désespéré et à attirer l’attention en Europe, sur l’urgence de passer des mots aux actes, car l’irréversible sera bientôt franchi au vu des évènements qui y donnent raison dans le monde entier. Cette conception n’est pas fataliste, mais réaliste, suivant les déclarations des scientifiques suivant lesquelles «  si l’on rentre dans la fourchette de 2 degrés d’élévation de température, cela impliquera des changements profonds dans nos sociétés et on ne pourra y faire face. »déclare-t-il. Il est question pour lui de «  dire et répéter les mêmes choses dans un langage de vérité. » en tant qu’ambassadeur de la planète.

M. l’envoyé spécial n’a pas caché sa crainte selon laquelle la situation économique actuelle en Europe participe du retard des actions promises vis-à-vis de la situation climatique en Afrique. C’est pour cette raison qu’il a accepté pour la première fois une mission du gouvernement pour ne pas se résigner à cela. Voilà pourquoi il interpelle l’ensemble des responsables politiques à ne pas baisser les bras au prétexte que l’Europe rencontre des défis économiques. Il ajoute que tout se conjugue et cette crise économique peut être aussi justifiée par le fait que l’économie Européenne soit impactée par des crises écologiques, car la rareté des ressources énergétiques et les changements climatiques commencent à impacter le PIB, ce qui impose la reconstruction urgente d’un nouveau modèle économique au niveau mondial. Ce nouveau modèle économique quant à lui ne devra pas être basée sur la compétition, mais sur la coopération.

Le message que je peux adresser à l’Afrique est celui suivant lequel l’Afrique doit comprendre qu’elle a besoin du monde extérieur, mais que le monde extérieur a aussi besoin de l’Afrique. Donc, l’Afrique doit savoir qu’elle peut aussi imposer un certain nombre de règles avec amitié mais fermeté parce qu’il y a beaucoup de pays qui ne peuvent pas se passer d’elle.

L’Afrique a un grand patrimoine naturel qui est le plus grand potentiel économique qui soit durable. C’est une richesse que chacun n’a pas forcément pris la mesure, elle n’est pas simplement philosophique, mais économique. Il y a un potentiel de développement de l’écotourisme, et ce qui est important c’est d’avoir un plan de gestion large sur la manière dont on peut utiliser les ressources. Il ajoute que c’est cette planification ou cette vision très claire d’un plan d’affectation des terres qui manque en Afrique. Il y a des terres qui doivent être dévolues à développer un certain nombre d’économies, d’autres qui doivent être gelées pour protéger la Biodiversité et d’autres encore pour mixer les activités. Donc, il faut avoir cette vision d’ensemble et ne pas avoir une approche sectorielle.

Interview réalisée par Raoul SIEMENI

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