Interviews

Anada TIEGA, Secrétaire Général de la convention Ramsar

Afrique Environnement Plus : En 2010, il a été crée l’agence panafricaine de la grande muraille verte dont vous assurez le secrétariat exécutif, quelles sont les missions qui vous sont assignées ?


Pr. Abdoulaye DIA : Plus exactement, cette agence a été crée par le premier sommet des chefs d’Etat et de gouvernements des états membres de l’agence panafricaine de la grande muraille verte réunis à Ndjamena en juin 2010, on a crée ce grand projet continental et nécessairement, il fallait assurer, la coordination, puisque cela intègre onze pays qui doivent d’abord travailler avec un même engagement mais aussi avec des objectifs clairs, ce qui a justifié la création par les chefs d’états d'une institution en charge de la coordination, du suivi et de la mobilisation des fonds, voilà l’objectif, et les missions sont essentiellement la coordination de l’ensemble des activités qui se déroulent au niveau de la grande muraille, mais également avec l’aide des autres institutions sous régionales, évidemment de procéder à la mobilisation des ressources nécessaires à sa mise en œuvre.

Afrique Environnement Plus : quels sont efforts déjà réalisés au niveau des pays concernés par ce projet ?


Pr. Abdoulaye DIA : Une fois cette agence créée, la plupart des Etats ont commencé donc à structurer, d’abord ils ont signé la Convention portant création de l’agence panafricaine dont certains l’ont déjà ratifiée et nous venons d’adopter un plan d’actions quinquennal qui intègre l’ensemble des plans d’actions de chaque pays. Certains pays ont commencé à réaliser des actions concrètes sur le terrain, le cas le plus évident est celui du Sénégal, qui en dehors des actions de plantation, a déjà commencé à voir l’aspect plus ou moins économique, mais également l’action d’accompagnement et dans ce cadre là, c’est ce prototype même de ce que nous pouvons appeler Grande muraille verte. Au-delà de tout cela, il y a également certains pays notamment le Tchad, le Niger, le Mali qui ont aussi concrètement commencé à réaliser des activités sur le terrain, il va de soit que maintenant à partir de l’adoption du plan d’action quinquennal, à partir de 2012, nous sommes certains que chaque pays va démarrer. Mais attention, ce qu’il faut comprendre, la grande muraille ce n’est pas que, de réaliser les activités de plantation, il s’agit également de nouvelles plantations, il y a des unités de végétales qui existent déjà, si ces unités végétales remplissent les critères de la grande muraille, on peut les intéresser, c’est pour cela que, certains pays ont commencé déjà à intégrer des unités existantes, mais également à faire des mises en défense, parce que comme vous savez, le principe c’est également la régénération naturelle assistée, qui devrait être donc un élément important dans le cadre de la mise en œuvre de la grande muraille verte.


Afrique Environnement Plus : Parlant du financement, sous l’impulsion du Président Wade, le gouvernement américain devait allouer un budget pour le cas du projet fonds vert, où en est-on avec ce financement et à combien s’élève-t-il?


Pr. Abdoulaye DIA : Vous parlez de fonds vert, mais moi je parle de façon spécifique pour la grande muraille verte, vous avez assisté aujourd’hui à la réunion organisée sous l’égide du fond mondial pour l’environnement, je pense que vous avez tous suivi l’engagement de la Banque mondiale ; l’engagement également du FEM mais également avec la BAD, ce qui veut dire que l’impact crucial de la grande muraille verte c’est d’abord la reconnaissance de ce projet, et je pense que maintenant cela ne fait plus aucun doute, vous avez vu aussi que lors du premier sommet, la BAD avait déjà annoncé un premier financement de 119 millions de dollars, et heureusement qu’à l’issue du conseil d’administration du FEM, vous avez entendu qu’il y a 101 milliard 18 millions de dollars qui sont donc annoncés, en plus des apports de la Banque mondiale, de la BAD, et de tous les systèmes qui collaborent avec le FEM, voilà où nous en sommes.


Afrique Environnement Plus : Nous sommes à Durban où les négociations pour la convention cadre des nations unies tirent à leur fin, et parmi les priorités que l’Afrique a retenu, il y a la grande muraille verte, toutefois, on sait que les financements annoncés sont difficilement mises à disposition et qu’actuellement les Etats donateurs traversent une sérieuse crise, peut-on croire en la concrétisation de ce projet qu’est la grande muraille verte ?


Pr. Abdoulaye DIA: Je vous remercie pour la question, qui nous permet de parler de façon beaucoup plus large, comme vous l’avez entendu, l’Afrique a besoin d’avoir un leadership dans la gestion de ses problèmes et surtout des problèmes environnementaux. Vous avez entendu le président de la commission de l’union africaine dire que la grande muraille verte constitue un exemple palpable et opérationnel qui montre ce que l’Afrique apporte dans cette grande alliance contre le changement climatique. Mais, il va de soi que nous ne sommes pas pollueurs, nous subissons des efforts, et cela ne veut pas dire à mon sens que nous devons nécessairement attendre tout et dire que tant que nous n’avons pas reçu des financements, nous ne commencerons pas. Je pense que l’exemple de la grande muraille, tout ce qui a été réalisé jusqu’ici vient des budgets nationaux, le premier ministre du Sénégal a dit que le Sénégal malgré les difficultés a consenti plus de 2 milliards pour démarrer la grande muraille, et je peux vous assurer que le Tchad aussi a aussi mobilisé près de 35 milliards pour participer à la réalisation de sa composante nationale, cela veut dire que ce qui nous manque en Afrique c’est l’engagement, l’union, l’aspect d’aller ensemble et à partir de ce moment, je pense que la grande muraille est un élément important qui montre évidemment l’engagement et l’engagement politique et surtout la solidarité entre ces Etats là, et à partir de ce moment nous pourrons prouver nos capacités, en marchant, en démarrant par nos propres moyens, les autres viendront après, et s’ils ne viennent pas, ce sera certes plus difficile, mais nous supporterons. Car tous les Etats étaient au préalable convaincus de la nécessité d’un tel projet, et s’étaient engagés à cet effet d’où les prémisses de sa réalisation actuelle.

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