Biodiversité - Les éléphants sur les traces des rhinocéros noirs
L’acharnement des braconniers sur ces pachydermes ne leur laisse aucune chance de survie d’ici peu, à en croire des experts.
Combien d’éléphants trouve-t-on dans les parcs nationaux au Cameroun ? Les chiffres n’ont pas été actualisés après les massacres massifs des pachydermes au parc national de Bouba Ndjidda (à l’extrême Nord) en 2012 et dont l’on se remet difficilement au ministère des forêts et de la faune ( Minfof). « Après le passage des assaillants au parc de Bouba Ndjidda, nous n’avons pas fait une évaluation de ce qui reste comme éléphants », confie une source au Minfof.
Toutefois, en Mars 2013, des organismes de protection de la biodiversité dont le Fond mondial pour la nature ( WWF), révélaient que 62% des éléphants de savane au Cameroun ont été tués entre 2012 et 2013 dans le seul parc de Bouba Ndjidda. Un parc qui en comptait un millier avant la perpétration des grands massacres par des individus non identifiés. D’autre part, des experts, notamment Germain Ngandjui du Réseau de surveillance du commerce de la faune et de la flore sauvage (TRAFFIC) et Bas Huijbregt du WWF affirment dans une étude que « la population des éléphants de l’Afrique Centrale a sans doute été réduite de 50% entre 1995 et 1997 du fait du braconnage et du commerce illégal d’espèces sauvages. (…) 2011 a été l’année de tous les records en matière de saisies d’ivoires à grande échelle et de braconnage d’éléphants depuis les années 80. »
Un constat corroboré par les autorités en charge des Forets et de la Faune qui indiquent que : 1262 munitions et 274 pointes d’ivoires ont été saisies et détruites au terme de 631 patrouilles effectuées dans les aires protégées du Cameroun en 2009. » Par simple arithmétique, on remarque qu’au moins 137 éléphants ont été tuées en cette seule année. Sans compter ceux qui ont échappés au contrôle des équipes du Minfof. L’avenir des éléphants inquiète plus d’un. Hanson Njiforti, le directeur national de WWF, juge que « si rien n’est fait, le sort qu’ont connu les rhinocéros noirs du Cameroun, qui ont totalement disparus de la circulation il y’a cinq ans sera aussi celui des éléphants ».
Corruption
Les braconniers ne lésinent aucunement sur les moyens pour atteindre leurs objectifs. Même les armes sont utilisées par les assaillants pour abattre leur proie. En 2013, un communiqué signé par le ministre des Forets et de la Faune a révélé qu’ « ente février et avril 2013, ses services ont organisé des descentes inopinées, avec l’appui financier du WWF, dans les régions de l’Est, du Littoral et du Sud-ouest. 45 armes à feu dont une kalachnikov AK47, trois armes de calibre 458, une autre de calibre 375 et 40 de calibre 12 de fabrication locale ont été saisies. La même opération a permis de confisquer 378 munitions dont 27 d’armes de guerre. » Un autre communiqué signé de la Secrétaire d’Etat au ministère des forets et de la faune et publiées dans la newsletter de ce ministère revient sur « une vaste opération coup de poing menée en décembre 2013 qui a permis de mettre la main sur 22 armes à feu dont deux Pmk (kalachnikov), 539 munitions dont 119 munitions d’armes de guerre, deux queues d’éléphants et puis 227 câbles d’acier ». Huit suspects ont été interpellés par la même occasion.
Après les massacres de Bouba ndjidda, le gouvernement a adopté un plan national anti-braconnage, mettant à contribution les éléments du bataillon d’intervention rapide (BIR) pour la surveillance de certains parcs. Ce qui ne dissuade pas les braconniers, motivés par le prix des pointes d’ivoire qui ne cesse d’augmenter dans les pays demandeurs, la Chine et la Thaïlande en l’occurrence. Même les ressortissants des pays qui prônent la protection de la biodiversité ne résistent pas aux bonnes affaires du braconnage. Il y’a quelques semaines, l’on signalait le passage des braconniers lourdement armés au parc de Waza à l’extrême Nord du pays. Ceux-ci ont été repoussés par le BIR. Les organismes de défense de la biodiversité pensent que la surveillance militaire seule ne suffit plus et qu’il faille intégrer d’autres actions. Aussi Traffic et WWF conseillent-ils un dialogue avec les pays demandeurs d’ivoires, pour qu’ils prennent conscience des conséquences environnementales, économiques et humaines de leur consommation de biens issus de la criminalité faunique.
Ils suggèrent aussi entre autres, la lutte contre la corruption, le durcissement de la loi contre les criminels fauniques et contra la vente d’armes et de munitions de type grande chasse, un accent sur la protection et la bonne gestion de certaines aires protégées prioritaires qui devraient devenir des noyaux centraux pour la protection de la faune de la sous-région et à long terme par des agences spécialisées. Ceci passera par le recrutement d’un personnel salarié.
La liste rouge mondiale des espèces menacées.
La liste rouge de l’UICN est un indicateur privilégié pour suivre l’état de la biodiversité dans le monde. Grace à cet état des lieux, on sait aujourd’hui qu’une espèce de mammifères sur quatre, un oiseau sur huit, plus d’un amphibien sur trois et un tiers des espèces de confères sont menacés d’extinction mondiale.
Qu’est ce que la liste rouge ?
La liste rouge de l’UICN constitue l’inventaire mondial le plus complet de l’état de conservation global des espèces végétales et animales. Elle s’appuie sur une série de critères précis pour évaluer le risque d’extinction de milliers d’espèces et de sous-espèces. Ces critères s’appliquent à toutes les espèces et à toutes les parties du monde.
Fondée sur une solide base scientifique, la liste rouge de l’UICN est reconnue comme de référence le plus fiable sur l’état de la diversité biologique spécifique. Sur la base d’une information précise sur les espèces menacées, son but essentiel est d’identifier les priorités d’action, de mobiliser l’attention du public et des responsables politiques sur l’urgence et l’étendue des problèmes de conservation et d’inciter tous les acteurs à agir en vue de limiter le taux d’extinction des espèces.
Quelques chiffres clefs.
Dans la dernière édition de la liste rouge mondiale (version 2013.2), sur les 71576 espèces étudiées, 21286 sont classées menacées.
Parmi ces espèces, 41% des amphibiens, 13% des oiseaux et 25% des mammifères sont menacées d’extinction au niveau mondial. C’est également le cas pour 31% des requins et raines, 33% des coraux constructeurs de récifs et 34% des conifères. Dans cet état des lieux, la France figure parmi les 10 pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées, au total 1041 espèces menacées au niveau mondial sont présentes sur son territoire, en métropole et en outre-mer.
Source : Bien vouloir suivre le lien ci-dessous:
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