CIFOR- Développement de la filière huile de palme dans le bassin du Congo Nécessité d’une stratégie régionale impliquant les petits planteurs et les marchés informels
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Points à retenir
Doté d’une abondante biodiversité, le bassin du Congo renferme, d’après les estimations, 25 à 30 % du stock de carbone présent dans les forêts tropicales du globe. Face à la raréfaction des terres disponibles et à l’intensification des réglementations contraignantes en Asie du Sud-Est, le bassin du Congo attire de plus en plus d’investisseurs. Les quelques 280 millions d’hectares (Mha) de terres favorables à la culture du palmier à huile se répartissent entre la République démocratique du Congo (60 %), le Cameroun (11 %) et la République du Congo (10 %).
La plupart des pays du bassin du Congo disposant d’une importante superficie forestière sont en train de se fixer des objectifs nationaux pour augmenter la production d’huile de palme afin de répondre à la demande nationale et régionale. Entre 1990 et 2017, la surface allouée au développement du palmier à huile s’est accrue de 40 % dans le bassin du Congo et dans cinq autres pays producteurs africains. En l’absence de réglementations strictes, il y a fort à parier que l’augmentation future de la production se fera par l’accroissement des surfaces cultivées aux dépens de la forêt, plutôt que par l’intensification de la production sur les plantations existantes.
Les stratégies de durabilité mises en place par les grandes entreprises du secteur afin de certifier les huileries industrielles ne parviendront probablement pas à enrayer la déforestation dans le bassin du Congo. Les petits planteurs indépendants sont en effet les principaux acteurs de la croissance du secteur de l’huile de palme dans la région, et des données récentes montrent que l’extension des surfaces cultivées se fait principalement au détriment des forêts. En raison de la prolifération des huileries artisanales, une part non négligeable de l’huile de palme produite par ces petits planteurs ne passe plus par les huileries industrielles et échappe ainsi aux statistiques nationales. Ces planteurs villageois sont aussi pénalisés par des disparités de pouvoir et la difficulté d’accéder à des ressources techniques et financières. Les impliquer dans les stratégies de durabilité apparait indispensable.
Les recommandations formulées pour améliorer la pérennité du secteur de l’huile de palme dans le bassin du Congo sont les suivantes : (1) faciliter l’accès au capital des petits planteurs et des responsables d’huileries artisanales; (2) mettre en œuvre des politiques pour préserver les ressources naturelles et faciliter l’accès à des opportunités commerciales assorties d’incitations à éviter la déforestation ; (3) intensifier la production en renouvelant les plantations vieillissantes, en réhabilitant les plantations abandonnées avec des variétés résistantes aux maladies et à haut rendement, et accroître la fertilisation, sans empiéter sur les zones à haute valeur de conservation ou les domaines forestiers qui stockent beaucoup de carbone ; et (4) améliorer la capacité de transformation et les taux d’extraction des huileries. Pour un développement durable du secteur de l’huile de palme dans le bassin du Congo, il faudra être très attentif à la gouvernance, et aux facteurs institutionnels, environnementaux et socio-économiques qui sont à la base des filières d’approvisionnement régionales.
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