Libération: Braconnage : «Nous faisons face à des attaques, parfois avec des armes de guerre»
Témoignage: Guillaume Le Flohic, français, 28 ans, travaille au sein du parc national d’Odzala-Kokoua au Congo-Brazzaville. Il y dirige le service Conservation et Recherche depuis juin 2013. En mai, il a contacté «Libération» pour témoigner d’une agression dont a été victime le responsable de la lutte anti-braconnage et au-delà, toute l’équipe du parc, ainsi que de la grande difficulté de poursuivre le travail de conservation en Afrique.
«Le parc d’Odzala-Kokoua a été créé en 1935 autour du village de Mbomo, c’est le plus ancien parc national au Congo et l’un des premiers en Afrique. Il est géré depuis 2010 par African Parks, une ONG d’Afrique du Sud, largement financée par l’Union européenne, qui a conclu un accord de partenariat public-privé avec l’Etat congolais. Il abrite notamment des populations d’éléphants de forêt et de gorilles de plaine de l’ouest, deux espèces en danger d’extinction et intégralement protégées, mais intensivement braconnées. Sous la pression du braconnage pour l’ivoire, le nombre d’éléphants ne cesse de diminuer (quatre éléphants de forêt sur cinq ont disparu au cours des vingt dernières années) et, à ce rythme, à l’horizon 2020, il n’y en aura plus.»
Des AK47 - «Mon collègue, français comme moi, chef de la lutte anti-braconnage (LAB) (1), arrivé en 2012, a obtenu les meilleurs résultats jamais acquis : en 2013, 33 arrestations pour braconnage aggravé, 65 armes de guerre (principalement des AK47) récupérées et 5 ressortissants chinois arrêtés dont 4 pour trafic d’ivoire. Un baron local du trafic de l’ivoire, Ghislain Ngondjo, surnommé Pépito, a ainsi été condamné à cinq ans de prison et incarcéré à la maison d’arrêt de Brazzaville. Des résultats probablement à l’origine de la crise majeure à laquelle le parc doit faire face.
«Le 11 avril, dans l’après-midi, plus d’une centaine de personnes ont envahi le QG du parc à Mbomo, entonnant des chants de menace à l’encontre du chef LAB et de sa famille, et armés de longs bâtons. Parmi ces personnes, des braconniers connus, mais aussi d’anciens éco-gardes renvoyés pour faute grave, des agents du parc en fonction, une majorité d’hommes de 15 à 35 ans, ivres pour la plupart. Avec la volonté manifeste de lyncher mon collègue.
«Habitué à ce genre de situation de par sa formation militaire, il est parvenu à s’échapper en voiture mais la foule menaçante l’a poursuivi en courant et en criant. Des personnes, dont je fais partie, ont été agressées plus ou moins gravement. Le chef de la lutte anti-braconnage s’est réfugié d’abord à Brazzaville, à 800 km de là, avant de devoir quitter le pays. Il travaille désormais dans un autre parc national africain.»
Pour consulter l'article intégral, bien vouloir consulter le site web officiel de Libération: Braconnage : «Nous faisons face à des attaques, parfois avec des armes de guerre»
Image credit: Libération
Auteur:
21 août 2014 à 18:19Actualités du PFBC
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