21 septembre 2019, journée internationale de la bibliodiversité : « le jour B ».
La Journée internationale de la bibliodiversité lancée en 2010 par des éditeurs indépendants d’Amérique latine, célèbre chaque 21 septembre dans des pays du monde entier cette « diversité culturelle appliquée au monde du livre. En écho à la biodiversité, elle fait référence à une nécessaire diversité des productions éditoriales mises à la disposition des lecteurs ». L’invention du terme « bibliodiversité » est attribuée à un groupe d’éditeurs chiliens qui, à l’occasion de la création du collectif Editores independientes de Chile (Éditeurs indépendants du Chili) dans les années 1990, ont parlé pour la première fois de la notion de « bibliodiversidad ».
Depuis, l’Alliance internationale des éditeurs indépendants, créée en 2002, a largement contribué à sa promotion et sa diffusion dans plusieurs langues (Espagnol, Français, Anglais, Arabe, et Italien). Cette association, qui réunit quelques quatre-vingt-cinq maisons d’édition indépendantes et collectifs d’éditeurs de quarante-cinq pays différents, s’est donnée comme mission, entre autres, d’encourager et de soutenir l’accès et la diffusion des œuvres et des idées dans le monde.
En actes, la promotion de la biblodiversité passe par le soutien des éditeurs indépendants du monde entier – garants de la diversité des productions éditoriales – et par la lutte des situations de prédations quelles qu’elles soient, véritables menaces pour les éditeurs indépendants.
De la concentration éditoriale…
La concentration éditoriale palpable dans notre société l’est aussi dans le reste du monde. En France 90 % du marché de l’édition est détenu par les trente plus grandes maisons d’édition2. Au États-Unis les cinq plus grands groupes contrôlent 80 % des ventes de livres3. Quant aux pays de l’hémisphère sud, ne disposant généralement pas de véritable dispositif législatif en faveur du livre et de la lecture, ils se trouvent dans des situations de prédation inquiétantes. Les grands groupes éditoriaux européens se sont très largement implantés dans ces pays, rachetant souvent les maisons d’éditions locales ou raflant les marchés d’édition scolaire pourtant nécessaires à la survie des maisons d’éditions indépendantes. En Amérique latine ces groupes « ont mis en place des politiques de rotation rapide, en ne laissant durablement en circulation que des livres particulièrement rentables, […] leurs politiques commerciales ont contribué à détruire le réseau de librairies traditionnelles en favorisant les chaînes commerciales ou les grandes surfaces4. » Nous pouvons également mentionner les pratiques d’impression à la demande – un mode de publication où l’impression est déclenchée par la commande du client – qui participent à la nuisance des librairies. Ces points d’impression sont nombreux en Amérique du Sud « [n]ous pouvons citer par exemple Bandeirantes et Singular au Brésil, Bibliografika, Docuprint et Dorrego en Argentine ou encore Publidisa au Mexique. En 2010, l’utilisation de la POD par les éditeurs a augmenté de 12 %, passant de 20 à 32 %5 ». Les fusions ne s’arrêtent pas – nous pouvons noter la récente fusion de Penguin avec Bertelsman-Random House – qui sont le résultat d’un secteur qui s’est révélé beaucoup moins rentable que prévu. Sans omettre la promesse d’Amazon d’éliminer tout intermédiaire entre le livre et le lecteur. Autant de menaces qui pèsent sur le monde de l’édition et sur le maintien d’une certaine bibliodiversité.
… vers une culture globalisante
Comme le fait justement remarquer Gilles Colleu : « À vouloir fabriquer des produits pour le plus grand nombre, on oublie et l’on gomme la notion de spécificité et d’identité culturelle. […] [L]’internationalisation de l’édition de livres renforce dans tous les domaines la position dominante des cultures occidentales6». Ce phénomène s’observe un peu partout dans les pays de l’hémisphère sud.
Pour exemple, en littérature de jeunesse nombreux sont les albums publiés en France qui présentent une Afrique stéréotypée et offrent une image globalisante des cultures africaines. C’est ce que confirme Sylvie Chalaye lors du colloque « Les mots pour le dire » en 2003 : « Cette pensée globalisante qui aborde les autres comme une masse informe, uniformisée par le terme générique qu’on lui colle, a été entretenue par l’idéologie coloniale, et surtout l’école de la République. [Il est mis] sur le même plan linguistique : un Français, un Allemand, un Africain ; les Africains ce sont les autres. Et on réduit l’Afrique à un pays. » Ces albums ensuite présents sur les marchés locaux, offrent aux enfants du continent africain des livres d’une Afrique tantôt traditionnelle, tantôt éloignée de la culture de leur pays. Dans l’album Un pays loin d’ici de Niguel Gray7 « les illustrations sont révélatrices du regard qui est porté sur soi, par l’autre, étranger : “je n’ai pas aimé les cases qu’ils ont mis pour représenter les maisons en Afrique8.” » C’est ce qu’a confié un jeune lecteur sénégalais à son bibliothécaire.
D’autres livres pour la jeunesse venus d’Occident inondent le marché local en proposant des histoires inadaptées, purement issues de l’imaginaire occidental. Mais depuis longtemps maintenant une édition indépendante se développe dans le monde entier. Même si cette dernière ne porte pas à elle seule toutes les créations originales et qu’elle n’est pas automatiquement gage de qualité, l’édition indépendante demeure, en marge des grandes productions, indispensable au maintien de la bibliodiversité.
Ils célèbrent la bibliodiversité…
Le 21 septembre est le jour du printemps dans l’hémisphère sud, ce jour-là depuis 2010, chacun imagine pour son pays une action en faveur de la bibliodiversité.
… en Amérique latine
Le réseau hispanophone est le plus ancien participant à cette journée mais aussi le plus actif. Pour la première édition de la Journée internationale de la bibliodiversité en 2010, Guido Indij, éditeur de La marca editora (Argentine), membre de l’Alliance internationale des éditeurs indépendants et coordinateur du réseau hispanophone de l’Alliance, expose à l’antenne d’un journal télévisé argentin les enjeux de cette journée et les actions réalisées par les professionnels du livre. Des lâchers de livres sont organisés en Argentine mais aussi en Colombie, au Chili, en Uruguay, en Bolivie et au Mexique.
En 2011 l’expérience est renouvelée, un « pique-nique de lecture » est organisé sur la la Place San Martín à Buenos Aires, des lectures sont faites un peu partout. Chaque année l’événement prend de l’ampleur et touche de plus en plus de villes et de lecteurs. En 2012 ont eu lieu des rencontres et des débats en Argentine, des lâchers de livres dans de nombreuses villes colombiennes avec une campagne de diffusion d’autocollants et de marques pages, tandis qu’au Pérou c’est une campagne d’affiches qui a été lancée. Une vidéo sur cet événement a été largement diffusée par les éditeurs et l’Alliance internationale des éditeurs indépendants.
… en Afrique subsaharienne et dans le monde arabe
De nombreux pays du continent africain participent à cette journée. Depuis 2011, Marie Michèle Razafintsalama, travaillant aux éditions Jeunes malgaches à Madagascar, « libère » des livres dans l’espace public. Pour cette éditrice ce jour est important, il est nécessaire de populariser la notion de bibliodiversité. À Madagascar cela passe par la réappropriation des marchés scolaires et par l’édition de livres en langues nationales. Cette même année, une table ronde est menée dans le cadre du Salon international du livre africain (SILA) à Ténérife (Espagne), où les éditeurs membres de l’Alliance ont donné le lancement officiel de la Journée internationale de la bibliodiversité. Et en 2012, dans le cadre du Salon international du livre d’Alger (Algérie) les éditeurs du réseau arabophone de l’Alliance ont organisé un concours du « meilleur lecteur » qui s’est vu offrir une invitation à la Foire du livre de Tunis (Tunisie). Du côté du Cameroun, l’éditeur Serge D. Kouam des Presses universitaires d’Afrique a lancé un appel à la presse et aux citoyens.
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