Les forêts communautaires du Sud-Cameroun : un outil d’application du développement durable à l’échelle villageoise ?
Si les approches de développement participatif en Afrique ont fait l'objet d'un certain nombre de travaux, d'articles et même de thèses, beaucoup de chercheurs se sont rendu compte de la difficulté que représentent des enquêtes centrées sur l'objet de recherche hautement conflictuel qu'est la « forêt communautaire ». Cette thèse soutenue en 2010 est issue des résultats d'enquêtes de terrain menées dans le Dja et Lobo dans le contexte de la mise en œuvre du premier manuel d'attribution et de procédure de gestion des forêts communautaires au Cameroun. Révisé en 2009, ce guide répond en partie aux préoccupations soulevées dans cette publication. Cependant, le sujet abordé demeure d'actualité même si, à l’exception du Cameroun, aucun pays d’Afrique centrale n’a une politique forestière explicitement définie sur le sujet. Le constat est que cette modalité de gestion des forêts est reprise dans les nouvelles politiques forestières des pays de la COMIFAC qui se sont engagés dans la formulation de leur politique forestière. C’est le cas du Congo Brazzaville, de la République Démocratique du Congo, de la République Centrafricaine, du Burundi et du Gabon.
Le Congo formule actuellement sa politique forestière. Son énoncé sera disponible sous peu. La RDC a déjà formulé la sienne. Le projet d'application des directives de mise en œuvre des « forêts des communautés locales » est actuellement sur la table du Gouvernement. La RCA a lancé le processus mais celui-ci n’avance guère en raison de la situation politico-militaire. Le Burundi l'a initié avec l’appui de la COMIFAC. Le Gabon, quant à lui, vient de signer les conventions pour les deux premières forêts communautaires avec l’appui des projets DACEFI et OIBT.
Dans cette nouvelle donne marquée par le scepticisme, le problème est de démontrer que les forêts communautaires peuvent surmonter les critiques, notamment lorsqu'on aborde les questions de développement local durable. Cette thèse est diffusée à un moment délicat pour l'ensemble de l'édifice professionnel et ses institutions, alors que les approches de développement participatif sont contestées de toutes parts, que la place et le rôle des populations locales sont remis en cause, que les gouvernements et les organisations de la société civile peinent à dégager des voies nouvelles.
La publication pose globalement la question de l'universalité des énoncés sur la « bonne gouvernance » ou le développement durable. Cette problématique englobe quatre dimensions centrales : la gouvernance territoriale ; les conflits d'appropriation découlant du rapport entre droit »moderne » et droit « coutumier » ; l'exploitation des ressources communautaires et les stratégies d'acteurs mettant en jeu différents groupes communautaires ou autochtones, les ONG d'appui, les chefs traditionnels ou les rapports de genre. Les questions de territorialité y sont ciblées, illustrant les difficultés de transfert de pouvoir dans le cadre de la décentralisation de la gestion des forêts. Ainsi la thèse critique l'approche techniciste et bureaucratique qui a façonné le développement des forêts communautaires au Cameroun durant la période de terrain de l'auteur. L'analyse se fonde sur plusieurs points dont les modalités de gestion pluraliste, la proposition concernant la surface maximale des forêts allouées aux communautés locales et les limites voire les dérives du « rendement soutenu ».
L'auteur ne passe pas sous silence les difficultés de terrain lorsqu'on aborde un sujet si sensible qu'est la forêt communautaire. En effet, il montre que la gestion des forêts communautaires est généralement conflictuelle compte tenu des montants financiers colossaux générés par le secteur du bois.
Tout en saluant l’originalité d’une démarche critique, l’auteur souligne aussi les limites d’une démonstration qui ne s’interroge pas de manière approfondie sur le concept empirique d’« allochtone » ou d’« étranger ». C’est à ce titre que cette grille de lecture ne mérite pas moins d’être discutée aux yeux des recherches plus récentes sur la question. Ces différents regards ne remettent pas en cause l’importance de l’analyse menée car elle fournit des pistes pour comprendre la problématique de la gestion forestière locale. C’est tout l’intérêt d’un perpétuel questionnement sur la valeur ajoutée des approches de développement participatif jusque-là promue en Afrique.
La première partie apporte un éclairage sur le cadre théorique de l'étude. La deuxième présente la procédure de transfert de pouvoir de l’administration centrale vers les acteurs locaux. La troisième met l’accent sur la question foncière et son impact sur la gestion forestière locale. Dans la quatrième, l’idée est de se questionner sur les contours de la filière artisanale de l’exploitation du bois dans les forêts communautaires avec un accent particulier sur les stratégies d’aménagement de ces espaces alloués aux « ayants-droit ». L'ouvrage débouche sur des recommandations concrètes en termes de gouvernance, du point de vue de l'organisation territoriale et spatiale.
Cette thèse s'adresse aux politiques, aux praticiens en appui conseil, aux chercheurs, aux enseignants et étudiants, aux acteurs de développement qui se préparent à l'exercice du métier de l'ingénierie forestière et sociale, ainsi qu'à ceux qui suivent l'évolution de ce concept dans le Bassin du Congo.
Théophile BOUKI
Bien vouloir télécharger ci-dessous la la publication de Dr Théophile BOUKI:
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