Dr Denis Sonwa: Après le Sommet des dirigeants Etats-Unis – Afrique: perspectives depuis le Bassin du Congo
Sans une source de revenu permanente pour soutenir la préservation de la biodiversité dans, et autour des zones protégées, il demeure difficile de combattre efficacement le trafic d’animaux sauvages en Afrique centrale, et de stopper le déclin des populations sauvages.
Le récent Sommet des dirigeants Etats-Unis – Afrique a attiré l’attention sur de nombreuses initiatives qui visent à améliorer la résilience et la biodiversité en Afrique centrale, et a mis la lumière sur les opportunités et les défis pour le développement future de cette région.
Le thème du Sommet de Washington était «Investir dans la prochaine génération», et deux sessions du sommet étaient particulièrement pertinentes pour la prochaine génération de communautés et de forêts dans le Bassin du Congo.
Une session visait à répondre au problème de trafic d’animaux sauvages en Afrique, un problème endémique qui menace la biodiversité sur le continent – et en particulier dans le Bassin du Congo, une zone où la biodiversité est en danger.
Cette session était l’occasion pour les Etats-Unis de souligner ses efforts dans la lutte contre le trafic illégal, qui comprend notamment le Wildlife Enforcement Network (WEN) dans la Corne de l’Afrique. Les Etats-Unis cherchent éventuellement à étendre le WEN à l’Afrique centrale. Un aspect important de cette initiative – et une approche pertinente pour le thème «prochaine génération» du sommet – est le recrutement de jeunes à des postes de gardiens de parcs et dans la gestion des ressources naturelles.
Les défis de protection de la biodiversité demeurent cependant dans cette région. En Afrique centrale, le secteur de la faune et la flore n’a pas encore engendré suffisamment de fonds pour assurer sa gestion efficace, sa sécurité et sa durabilité. De plus, criminaliser de petits propriétaires qui chassent les animaux sauvages pour survivre – comme c’est le cas actuellement dans la plupart de l’Afrique centrale – n’aidera pas à résoudre la crise de la chasse non durable de viande de brousse. Sans une source de revenu permanente pour soutenir la préservation de la biodiversité dans, et autour des zones protégées, il demeure difficile de combattre efficacement le trafic d’animaux sauvages en Afrique centrale, et de stopper le déclin des populations sauvages.
La deuxième session notable était consacrée à la résilience et la sécurité alimentaire dans un contexte de changement climatique. Les efforts américains dans ce domaine sont ancrés dans la «New Alliance for Food Security and Nutrition», qui vise à sortir 50 millions de personnes de la pauvreté en Afrique Sub-Saharienne d’ici 2022 – de la même manière que l’Union Africaine a son propre objectif pour 2025.
L’agriculture intelligente face au climat a été présentée comme une perspective d’avenir pour le continent. Le défi pour le Bassin du Congo, et l’Afrique centrale en général, est de trouver le moyen d’intégrer l’agriculture dans la gestion des ressources naturelles aux niveaux national et régional. Dans le processus de planification des paysages, l’agriculture doit être vue comme un commerce qui peut être durable. Au lieu de calomnier l’agriculture (et en particulier les petits propriétaires agricoles) en la jugeant responsable de la déforestation, il faut impliquer les acteurs de ce secteur dans la planification et l’exécution de la protection de la biodiversité et des initiatives de gestion.
Le secteur agricole dans le Bassin du Congo peut aussi aider à parvenir à la fois à l’atténuation et à l’adaptation au changement climatique – mais les efforts en ce sens dans d’autres parties du continent excluent souvent le Bassin du Congo. Sur la résilience au changement climatique, le Global Resilience Partnership porté par les Etats-Unis vise d’abord le Sahel et la Corne d’Afrique, par exemple. Malgré la réaffirmation récente de l’Union africaine que «l’adaptation est une priorité dans toutes les actions sur le changement climatique en Afrique», les réponses au changement climatique diffèrent au cœur du continent. En Afrique centrale, au-delà du Lac Tchad (où les sécheresses illustrent l’impact silencieux du changement climatique sur les écosystèmes), le Bassin du Congo ne suscite pas encore un grand intérêt pour les initiatives de résiliences sur le continent. Cela est en partie dû au manque d’information sur la vulnérabilité des communautés et des forêts dans cette région: les stations météorologiques et hydrologiques héritées de la période coloniale sont maintenant obsolètes, par exemple, et il y a moins de recherches en Afrique centrale que dans d’autres parties d’Afrique. Les informations et les résultats des projets Cofcca et Cobam aident à rectifier cela cependant, en comblant les lacunes d’information et en révélant que cette partie du continent mérite aussi de l’attention pour l’adaptation au changement climatique.
Le sommet, fidèle à son nom, a placé la génération future au centre de la discussion. Les institutions comme l’Université de California-Berkeley a reçu des jeunes participants au Young African Leaders Initiative (YALI) lors de la préparation du sommet. Mais comme les chercheurs du CIFOR et leurs collègues de l’Université Prince Edward Island (Canada) l’ont montré récemment, au niveau local, les jeunes ne sont pas inclus dans les processus de prises de décision dans les zones rurales. Des actions sont actuellement entreprises pour rectifier cela: reconnaissant que les jeunes sont la prochaine frontière de la gestion forestière, une session entière du Global Landscapes Forum, en marge de la CCNUCC à Varsovie l’an dernier, était dédiée aux jeunes. Pour atteindre la sécurité alimentaire et la résilience au changement climatique en Afrique centrale, il ne faut pas laisser le potentiel des jeunes inexploité.
Disponible l'article intégral sous le lien ci-après: Après le Sommet des dirigeants Etats-Unis – Afrique: perspectives depuis le Bassin du Congo
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