CIFOR: La recherche en Afrique Centrale trouve d’inquiétantes lacunes en matière de changement climatique
...L’étude conclut qu’il existe un besoin d’inclure les sciences environnementales dans les programmes d’éducation de la région, de former les journalistes et les communicants traitant des thèmes liés au changement climatique et d’augmenter les canaux de transmission pour sensibiliser davantage la conscience collective aux questions environnementales. Toutefois, elle révèle aussi un besoin important de fournir aux décideurs du bassin du Congo des mises à jour régulières sur les concepts, les courants et la terminologie du changement climatique, ce qui est essentiel pour qu’ils aient suffisamment de connaissance pour développer et mettre en œuvre les politiques qui serviront au mieux les intérêts des individus et des forêts en Afrique Centrale...
NAIROBI, Kenya – Selon une nouvelle étude qui donne à réfléchir, les décideurs politiques travaillant sur les forêts et le changement climatique en Afrique Centrale manquent souvent de connaissances sur les concepts fondamentaux dans ces domaines.
L’étude souligne la nécessité de renforcer davantage les capacités dans les pays qui abritent la deuxième plus grande zone forestière tropicale au monde.
Il est incontestable que, sauf quelques exceptions, les forêts tropicales représentent une force puissante dans la lutte contre le changement climatique en absorbant le carbone de l’atmosphère, même lorsque les forêts vieillissent, alors qu’à l’inverse, elles émettent du carbone lorsqu’elles sont détruites.
Beaucoup de participants n’ont pas fait la différence entre «variabilité climatique» et «changement climatique». Un bon nombre d’entre eux a interverti ou confondu les concepts «d’adaptation» et «d’atténuation»
Mais, selon l’étude, l’information n’a pas suffisamment atteint les habitants là où ce constat se vérifie, «De quoi parlent-ils? L’état actuel des perceptions et des connaissances sur la REDD+ et sur l’adaptation au changement climatique en Afrique Centrale». Ce déficit de connaissances pourrait nuire aux efforts déployés pour aider les populations locales à gérer leurs ressources naturelles et ralentir le bon déroulement des programmes tels que la REDD+ (Réduction des Emissions issues de la Déforestation et Dégradation des forêts).
L’étude fait remarquer que, bien que des ateliers sur la REDD+ et sur l’adaptation au changement climatique se tiennent de plus en plus fréquemment en Afrique Centrale, «les acteurs concernés dans la région peinent encore à bien comprendre les concepts clés du changement climatique».
Comment expliquer cette lacune?
«C’est un problème qui a de nombreuses causes», explique Anne Marie Tiani, scientifique chevronnée basée au Cameroun pour le Centre de Recherche Forestière Internationale (CIFOR) et auteur principal de l’étude.
«C’est en partie à cause de la nouvelle terminologie et en partie à cause des préoccupations grandissantes des acteurs concernés et leur diversité – les scientifiques ne sont pas les seuls à se focaliser sur les forêts et le changement climatique», explique-t-elle. «Il existe une grande variété d’acteurs avec différents niveaux de connaissance, et ils doivent tous être impliqués si nous voulons qu’il y ait un impact».
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L’étude souligne un besoin urgent pour une communication plus importante et plus efficace sur ces concepts, qui évoluent rapidement, et pour un renforcement plus important des capacités des acteurs en Afrique Centrale. Ces derniers sont appelés à défendre les intérêts et positions de la région autour de la question du changement climatique.
LE CHANGEMENT CLIMATIQUE SUSCITE L’INTÉRÊT
Récemment, les pays du bassin du Congo ont redoublé d’efforts pour mettre en œuvre des politiques les aidant à s’adapter au changement climatique et à l’atténuer, en allant jusqu’à remanier les politiques qui gouvernent le secteur forestier et celui de l’environnement ou encore en renforçant le rôle de la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC), une organisation cadre chargée de la gestion durable des ressources forestières dans 10 états membres. Les pays COMIFAC ont officiellement reconnu la REDD+ comme étant un mécanisme qui réduit les émissions de carbone liées aux forêts, encourage la conservation et la gestion durable des forêts et augmente les stocks de carbone dans les pays en voie de développement par le biais d’incitations financières.
Compte tenu du fait que le changement climatique a des répercussions sur des secteurs économiques importants -parmi lesquels l’eau, l’énergie, la santé, les forêts, le transport et l’alimentation- les questions concernant le climat ont fini par impliquer un large éventail d’acteurs et de groupes d’intérêts. Des organisations non gouvernementales et autres groupes de la société civile, des organisations internationales, des communautés de recherche, le secteur privé et les médias ont aujourd’hui tous une place autour de la table lorsqu’il s’agit de discuter sur la manière de prévenir et d’agir sur le changement climatique.
Un programme global et systématique de renforcement des capacités est nécessaire
Etant donné le nombre si varié d’acteurs qui s’impliquent au fur et à mesure, il est devenu indispensable de les réunir plus souvent pour élaborer des politiques et mesures. Néanmoins, à mesure que ces réunions sont devenues plus spécialisées, les concepts et la terminologie du changement climatique se sont eux aussi complexifiés. Les chercheurs du CIFOR ont commencé à observer plusieurs types de comportement préoccupants.
Les participants ont répété des questions qui avaient déjà reçu des réponses. Il y a eu de la confusion, ou un mauvais usage, au niveau de termes qui sont la base de toute discussion sur le changement climatique.
«Beaucoup de participants n’ont pas fait la distinction entre «variabilité climatique» et «changement climatique». Un bon nombre d’entre eux a interverti ou confondu les concepts «d’adaptation» et «d’atténuation» », explique Mme Tiani.
«D’autres ont fait des suppositions incorrectes ou erronées, par exemple «Manifestement, les zones forestières ne sont pas concernées par le problème qu’est le changement climatique» et ainsi de suite».
Cet apparent manque de connaissances a amené les chercheurs du CIFOR à entreprendre une étude pour évaluer les perceptions de ces concepts par 138 participants autour de trois ateliers distincts sur la REDD+ et l’adaptation climatique qui se sont tenus à Kinshasa, en République Démocratique du Congo, à Yaoundé et à Mbalmayo au Cameroun. Les interrogés représentaient six groupes différents d’acteurs: le secteur privé, les médias, la communauté de recherche, la société civile, l’administration et les organisations internationales.
On a demandé aux participants de répondre à six questions simples et directes:
-
L’adaptation a pour but de ….
-
L’atténuation a pour but de …
- La REDD+ a pour but de …
-
Le premier «D» de «REDD+» signifie …
-
Le deuxième «D» de «REDD+» signifie …
-
Le «+» de «REDD+» signifie …
L’équipe de recherche a ensuite analysé les résultats en établissant trois catégories de réponses: les bonnes réponses, les réponses vagues et les réponses fausses. Le nombre de participants ayant bien compris les termes «atténuation» et «adaptation» était très faible parmi les participants du secteur privé, de la société civile, de l’administration et des organisations internationales, et même parmi les chercheurs, auprès de qui on aurait pu s’attendre à un 100% de bonnes réponses, il s’avère que seulement 20% d’entre eux ont bien compris ce que vise «l’adaptation». La connaissance des objectifs de la REDD+ s’est aussi avérée pauvre avec un pourcentage de bonnes réponses se situant seulement entre 30 et 40% parmi les participants du secteur privé, de la société civile, de l’administration et des organisations internationales – et de moins de 20% parmi les chercheurs.
Encore moins de participants ont été capables d’expliquer de façon exacte le «+» dans «REDD+» – conservation, gestion durable et renforcement des stocks de carbone forestiers – avec zéro réponses correctes parmi les participants du secteur privé et des médias et moins de 25% de réponses exactes parmi les chercheurs, les plus susceptibles de connaître les bonnes réponses.
L’étude conclut qu’il existe un besoin d’inclure les sciences environnementales dans les programmes d’éducation de la région, de former les journalistes et les communicants traitant des thèmes liés au changement climatique et d’augmenter les canaux de transmission pour sensibiliser davantage la conscience collective aux questions environnementales.
Toutefois, elle révèle aussi un besoin important de fournir aux décideurs du bassin du Congo des mises à jour régulières sur les concepts, les courants et la terminologie du changement climatique, ce qui est essentiel pour qu’ils aient suffisamment de connaissance pour développer et mettre en œuvre les politiques qui serviront au mieux les intérêts des individus et des forêts en Afrique Centrale.
Selon Mme Tiani, cela pourrait être fait sous la forme d’un rappel des concepts de base au début de chaque atelier; de l’adaptation sur mesure de l’information sur l’environnement pour des groupes spécifiques; de formations pour des journalistes et communicants sur le changement climatique, qui a d’ailleurs déjà eu beaucoup de succès dans le passé.
«Un programme global et systématique de renforcement des capacités est nécessaire» explique-t-elle.
Pour de plus amples informations bien vouloir consulter l'article complet sur le lien ci-après: ICI
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