ATIBT-CIRAD: Causes potentielles de la réduction de la demande en bois tropicaux certifiés FSC sur le marché de l’Union européenne
Entretien avec Alain Karsenty, CIRAD par Tullia Baldassarri Hoeger von Hoegersthal, Communication, ATIBT - ATIBT : Quelle est l’ampleur de l’étude ? Alain Karsenty : L’étude s’est concentrée sur l’Afrique centrale. Nous avons interrogé 16 concessionnaires, vendant du bois FSC ou non, et 11 d’entre eux nous ont répondu. Au niveau de l’UE, nous avons également contacté 57 importateurs de bois tropicaux dans 7 pays européens, 33 nous ont répondu. Quant aux clients finaux, sur 17 sollicités, 12 ont répondu à nos demandes. Nous avons, par ailleurs, utilisés différents rapports disponibles ainsi que le bulletin bimensuel de l’OIBT sur les marchés. Enfin, nous avons eu des entretiens avec les fédérations nationales de bois en Europe et des personnes ressources travaillant sur le sujet...
ATIBT : Existe-t-il des différences remarquables entre les importations en Europe et ailleurs ?
Alain Karsenty : L’Europe est l’un des principaux marché pour le bois tropical certifié FSC, même si les importations de bois tropical en Europe ne cessent de baisser depuis plusieurs années. Les pays d’Europe du Nord sont nettement plus demandeurs de bois certifiés FSC que les autres pays de l’UE. Les marchés publics jouent également un rôle important dans la demande de bois FSC, ainsi que les politiques d’achats de grandes enseignes de distribution. Mais la crise est passée par là, et les acheteurs sont très sensibles aux prix proposés, notamment dans les pays les plus affectés par celle-ci. Certaines entreprises proposant du bois FSC ont d’ailleurs parfois renoncé à la « prime prix » associée en principe à la certification FSC afin de conserver leurs parts de marché.
ATIBT : Pourquoi choisir d’étudier les causes de la réduction de la demande en bois tropicaux certifiés FSC ?
Alain Karsenty : Des entreprises établies en Afrique centrale ont noté une baisse de leur ventes de bois FSC par rapport à leurs ventes de bois non-FSC en Europe. Une hypothèse émise par certains observateurs était que ceci pourrait être une conséquence de l’entrée en vigueur (en mars 2013) du Règlement Bois de l’UE (RBUE) qui interdit l’importation de bois illégal au sein de l’UE. La mise en œuvre de ce règlement pourrait être interprété par certains acheteurs comme suffisant à rassurer les clients finaux pour leurs achats de bois tropicaux, notamment ceux qui n’accordent pas forcément une grande importance à la distinction entre légalité et durabilité, ou ceux qui jugent que les critères de légalité comprennent déjà des critères de durabilité, notamment l’aménagement forestier et les réalisations sociales inscrites aux cahiers des charges. L’achat de bois certifié FSC serait alors moins justifié aux yeux de ces acteurs.
ATIBT : Le RBUE a-t-il provoqué une augmentation ou une baisse des importations de bois tropicaux certifiés FSC ?
Alain Karsenty : Globalement, notre étude ne fait pas apparaître de baisse mesurable de la demande de bois FSC en Europe, même si l’on décèle – essentiellement sur les marchés français et d’Europe du Sud en général – ce que les prospectivistes appellent des « signaux faibles » qui indiquent des tendances qui pourraient se développer dans le sens d’une désaffection pour le label FSC au profit de certificats de légalité du bois que proposent plusieurs organismes (et que les entreprises forestières ont souvent adoptés, que leur gestion forestière soit ou non certifiées FSC par ailleurs). Par contre, et plusieurs importateurs et clients ont souligné cela, la situation pourrait évoluer dès lors que sera disponible du bois disposant d’« autorisations FLEGT », donc réputé légal aux termes des Accords de Partenariat Volontaires (APV) proposés par l’UE aux pays producteurs. Alors que – et ceci n’est pas toujours compris – le RBUE ne signifie nullement que le bois proposé dans l’UE est légal, les autorisations FLEGT sont censées apporter cette garantie. Dès lors, de nombreux acheteurs pourraient considérer une telle garantie comme suffisante, y compris pour la durabilité de l’exploitation.
ATIBT : Selon vous, la certification FSC pourra-t-elle continuer d’être vue comme un avantage ?
Alain Karsenty : Si les « autorités compétentes » en charge de la mise en œuvre du RBUE dans les pays de l’UE décident que du bois certifié FSC est synonyme de « risque négligeable » au regard du RBUE, ceci pourrait consolider l’avantage dont dispose aujourd’hui le bois FSC sur certains des marchés de l’UE. En outre, de grandes enseignes ont clairement indiqué qu’elles faisaient la distinction entre légalité et durabilité pour leurs politiques d’achat de bois, ce qui est à l’avantage du FSC ou d’une autre certification équivalente de bonne gestion forestière. Maintenant, avec la possible disponibilité prochaine de bois dotés d’autorisations FLEGT (si les difficultés actuelles pour mettre en place les systèmes nationaux de vérification sont surmontées), cet avantage pourrait se réduire, d’autant qu’on ne dispose pas de critères indiscutables pour définir la durabilité. Aujourd’hui, acheter FSC c’est, pour beaucoup d’acheteurs, acheter du bois non issu de la déforestation et offrant certaines garanties de légalité, de social et de durabilité écologique, cette dernière notion restant toutefois assez vague. Puisqu’on parle « d’aménagement durable » avec des dimensions écologiques et sociales affirmées, et que l’aménagement est un des premiers critères de légalité, certains pourront se demander quelle sera la valeur ajoutée du FSC quand du bois doté d’« autorisation FLEGT » sera également disponible. Le FSC va donc devoir se pencher sur les éléments qui distinguent ses critères de « bonne gestion forestière » (stewardship) de ceux de l’aménagement qualifié de « durable ». Au risque d’un « durcissement » du label qui conduirait les producteurs à s’en détourner en envisageant d’autres alternatives.
Pour en savoir plus, bien vouloir consulter le lien suivant de l'ATIBT: ICI
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