Traffic: Prévalence du braconnage et du trafic des espèces sauvages dans le paysage Garamba-Bili-Chinko en Afrique centrale

 

 

Selon un nouveau rapport de TRAFFIC, des groupes armés étrangers, notamment l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), les Janjaweeds (une milice soudanaise) et d’autres milices non-étatiques, sont les principaux auteurs du braconnage et du trafic des espèces sauvages dans le paysage Garamba-Bili-Chinko en Afrique centrale, une région allant de la frontière nord-ouest de la République démocratique du Congo à la frontière sud-ouest de la République centrafricaine.

 

L’enquête sur le braconnage et le trafic d’espèces sauvages dans ce paysage—qui comprend le complexe de la Garamba et le complexe de Bili en République démocratique du Congo et la réserve de Chinko en République centrafricaine—révèle la pression énorme exercée sur les populations d’espèces sauvages dans ces aires protégées, en particulier de la part de groupes armés bien organisés et liés à des violations des droits humains et à l’instabilité politique persistante.

 

Le rapport intitulé «  Une évaluation du braconnage et du trafic d’espèces sauvages dans le paysage transfrontalier Garamba-Bili-Chinko », établi par TRAFFIC, avec un travail sur le terrain effectué par l’UICN dans le cadre du Projet  Wildlife TRAPS (projet de lutte contre le trafic d’espèces de faune et de flore sauvages, d’évaluation et de sélection des priorités), financé par l’USAID, est le résultat d’études et de discussions auprès de 87 villages locaux avec la participation de plus de 700 personnes,  notamment d’autorités administratives, de chefs traditionnels et de forces de l’ordre. Les auteurs ont enquêté sur la chasse, le braconnage et le trafic à différents niveaux—de la chasse de subsistance au braconnage organisé et à la contrebande à grande échelle—tout en évaluant les moyens de subsistance et les opportunités économiques des villageois et des éleveurs nomades.

 

Le rapport constate que le braconnage est répandu dans toute la région et que ses principaux auteurs sont des groupes armés non-étatiques, des acteurs étatiques, des éleveurs armés et des braconniers indépendants.

  • Groupes armés non-étatiques : Des groupes armés étrangers, y compris la LRA, les Janjaweeds et d’autres milices non-étatiques, sont les principaux auteurs du braconnage et du trafic dans le paysage. Ils ciblent les grands mammifères, notamment les bongos, les buffles, les éléphants et les hippopotames. En particulier, la LRA exerce une pression énorme sur les populations d’éléphants depuis une décennie. En 2015, des organismes de veille ont signalé que Joseph Kony, le chef de la LRA, avait demandé à un groupe de combattants de la LRA d’obtenir 100 défenses d’éléphant dans le complexe de la Garamba, sur une période de neuf mois.

 

  • Acteurs étatiques : La corruption dans la région constitue un obstacle majeur à l’application des lois. Les autorités nationales et locales, y compris les Forces armées de la RDC (FARDC), ont été impliquées directement dans le braconnage ou ont facilité le braconnage et le trafic. Selon certaines rumeurs, des leaders et des chefs locaux ont augmenté leur participation dans les activités illégales depuis que la guerre civile touche la région. En revanche, des rapports sur la situation sur le terrain indiquent que le braconnage par les soldats des FARDC a diminué ces dernières années grâce à une collaboration plus étroite avec les autorités des parcs.

 

  • Éleveurs armés : Certains éleveurs Fulani nomades de bétail représentent une grave menace pour les espèces sauvages dans le paysage. Il est avéré que les Fulani et les Mbororo (un sous-groupe Fulani), souvent lourdement armés pour leur protection, tuent des élands de Derby et des buffles pour les vendre comme viande de brousse et empoisonnent des prédateurs, tels que les lions, pour prévenir les attaques contre leur bétail. Il a aussi été signalé que les Fulani sont impliqués dans le trafic transfrontalier de produits fauniques, comme l’ivoire et la peau de léopard, principalement vers le Sud-Soudan et l’Ouganda.

 

  • Braconniers indépendants : Selon des informateurs clés, un réseau indépendant et militarisé de braconnage cible les grands mammifères, notamment les bongos, les buffles, les éléphants et les hippopotames, dans les aires protégées. Ces braconniers vendent la viande à des individus et à des restaurants dans les villes et les villages périphériques et transportent les produits de valeur, comme l’ivoire, les peaux et d’autres trophées, vers les grandes municipalités pour continuer de financer le braconnage. Ce groupe est constitué d’acteurs locaux et étrangers, armés d’armes semi-automatiques.

 

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