Projet BSB Yamoussa : Partage d’expériences entre parcs nationaux au Tchad: « Sena Oura visite Zakouma »
Du 17 au 21 février 2017, une visite d’échanges d’expérience a été organisée au Parc national de Zakouma dans la région de Salamat au Tchad. Y ont pris part : le conservateur du Parc National de Sena Oura (PNSO) et ses adjoints, les chefs de cantons de Dari et Goumadji, les représentants des Instances Locales d’Orientation et de Décision (ILOD), des radios communautaires, des éleveurs, de la plate- forme multi-acteurs du Mayo-Kebbi/Ouest et des Comités Villageois de Surveillance (CVS), les responsables de la Direction de la Conservation de la Faune et des Aires Protégées (DCFAP), et l’équipe du Projet GIZ BSB Yamoussa de l’antenne de Pala et le Coordonnateur du Programme Gestion Durable des Forêts dans le Bassin du Congo. L’objectif de cette visite était de permettre aux participants, de vivre les expériences du Parc National de Zakouma (PNZ), de partager entre eux leurs expériences en constatant de visu les cas concrets de réussites et, aussi en présentant leur propre contexte afin d’apprendre de manière comparative ce qui se fait autour du PNZ.
Le Projet GIZ d’Appui au Complexe Binational Sena Oura (Tchad) – Bouba Ndjidda (Cameroun) -BSB Yamoussa, dont l’objectif est d’améliorer de manière durable la gestion des parcs nationaux du complexe binational BSB Yamoussa et de sa périphérie travaille intensément sur le renforcement des capacités des acteurs du PNSO. En effet, cette visite a été motivée par la longue expérience du PNZ qui pourrait être une source d’inspiration pour le jeune PNSO. Les centres d’intérêts de cette visite d’échanges s’articulaient autour de 5 points que sont : L’administration et gestion du PNZ, la stratégie de la lutte anti braconnage, le suivi écologique, la cogestion et le développement local et les sources de financement du Parc et la collaboration avec d’autres institutions de conservation
Parc National de Zakouma, une expérience à partager
Crée il y a 50 ans, le Parc National de Zakouma couvre une superficie de 300 000 ha avec une faune (66 espèces de mammifères, 365 espèces d’oiseaux, 80 espèces de reptiles, 44 espèces de poissons, beaucoup d’insectes et batraciens) et une flore (669 espèces dont 160 ligneux, distribuées au sein de 49 familles et 509 plantes herbacées représentées par 74 familles) assez diversifiée et riche. Il abrite 12 espèces animales menacées à l’échelle internationale dont 7 mammifères (éléphant, hippopotame –disparu-, lycaon, guépard, lion, léopard, gazelle à front roux), 4 oiseaux (vautour oricou, faucon crécerelle, grue couronnée, outarde de Denham, autruche à cou rouge) et 1 reptile (tortue Geochelone sulcata). Depuis 2010 le PNZ est géré à travers un Partenariat Public Privé (PPP) entre le Gouvernement du Tchad et African Parks Network. Une Fondation du PNZ a été créée par les parties contractantes de ce PPP. Un dispositif organisationnel (Fondation PNZ, Conseil d’Administration, Unité de Gestion du PNZ avec des divisions et Services) a été mis en place pour assurer une meilleure gestion du PNZ. Cette gestion repose sur cinq (05) facteurs de réussite qui sous-tendent et orientent l’élaboration et la mise en œuvre des stratégies :
- Stratégie de lutte anti braconnage et de sécurité ;
- Développement local / Appui aux communautés ;
- Financement et développement des infrastructures ;
- Développement de la recherche scientifique ;
- Stratégie de mobilisation de ressources basée sur l’attractivité du PNZ et le développement de produits touristiques.
Pour la mise en œuvre de ses activités, le PNZ utilise un personnel reparti en trois catégories que sont :
- Les fonctionnaires de l’état, bénéficiant des indemnités de l’APN ;
- Les agents contractuels recrutés par la direction de la fondation, payés par l’APN ;
- Le personnel d’appui recruté localement, payé par L’APN.
Une importance capitale est mise dans la surveillance et la lutte anti braconnage avec la complicité et l’implication des populations riveraines. Le PNZ a investi de gros moyen dans ce domaine et dispose aujourd’hui entre autres d’un nombre important d’éco gardes opérationnels pour la lutte contre le braconnage, un centre de suivi satellitaire équipé des appareils adéquats pour le suivi des animaux bagués, un avion de surveillance et un réseau d’agents secrets fournis au sein de la population.
La population est « impliquée » dans la gestion du parc national de Zakouma car elle contribue à la protection des ressources naturelles du PNZ et de sa périphérie par des actions de sensibilisation, dénonciation des braconniers, information, lutte contre les feux de brousse et le braconnage.
Le suivi écologique se fait de manière périodique selon la planification des activités du plan d’aménagement du PNZ. Il est souvent réalisé entre mars et avril. Le dernier résultat des comptages effectué par avion fait ressortir 520 éléphants, 40 guépards, 120 lions, 9 lycaons, 1100 girafes et 12000 buffles.
Le PNZ entretiendrait aussi de bonnes relations avec les éleveurs sur la base d’une convention. Cette convention définit les engagements des uns et des autres dans le but de protéger les ressources naturelles du parc national. Le PNZ offre aux éleveurs en échanges de leur collaboration un accès à des points d’eau, les soins vétérinaires pour le bétail et coupe de bois et de chaume pour la confection de huttes.
Les leçons à tirer à l’issue de cette visite sont :
Sur le plan institutionnel, il existe un fort appui politique au niveau national et régional à cause de l’implication des plus hautes autorités à l’instar des multiples visites du Président de la République et des Ministres de tutelle ainsi que les appuis des élus locaux des deux régions (Guera et Salamat).
Sur le plan financier, on a relevé le soutien permanent de l’Union Européenne de 1988 à ce jour ainsi que les contributions des donateurs et des revenus du tourisme de vision depuis 2010. Un plan d’affaire opérationnel joue un rôle important pour la gestion des ressources financières.
Sur le plan de la gestion du Parc, les participants étaient impressionnés par la bonne organisation au sein la sécurisation du Parc, de l’administration et de la gestion des ressources humaines.
Sur le plan de la cogestion avec les communautés, bien qu’il ait une volonté de faire impliquer les communautés, il n’existe pas vraiment un plan de développement des communautés à la périphérie. L’approche avec les Instances Locales d’Orientation et de Décision (ILOD) de Sena Oura est un bel exemple dont pourrait s’inspirer le PNZ pour développer sa stratégie de collaboration avec les populations riveraines.
Les participants à cette visite ont formulé quelques recommandations:
Au Ministère en charge de la Faune et des Aires Protégées de manifester une réelle volonté politique pour soutenir le PNSO comme cela a été fait pour le PNZ , entre autres à travers un déguerpissement des orpailleurs et éleveurs occupant l’intérieur du parc, le renforcement du personnel du PNSO en qualité et en nombre et son équipement en armes et munitions pour faire face au braconnage, le recrutement de contractuels locaux, etc. Mettre à la disposition de l’équipe de la conservation un fonds de fonctionnement, malgré la conjoncture actuelle.
Et aux Partenaires financiers et techniques de faire un plaidoyer auprès des autorités tchadiennes pour un soutien politique fort en faveur du PNSO comme cela été fait par l’UE jusqu’aujourd’hui pour le PNZ. Apporter un soutien financier conséquent et soutenu à l’image de ce qu’a fait l’UE. Appuyer l’équipe de la conservation du PNSO dans la recherche de financements durables par le système de PPP et éventuellement intéresser des donateurs à investir dans la conservation et la préservation du PNSO.
Sidy Sarre, chef d’antenne Pala du Projet BSB Yamoussa et Paul Scholte, Coordonnateur du Programme Gestion Durable des Forêts dans le Bassin du Congo
Pour plus de détails veuillez contacter bernadette.wandja@giz.de
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