Une coalition entre parlementaires et OSC pour améliorer la gouvernance forestière
Parlementaires, organisations de la société civile (OSC), journalistes… se sont réunis en atelier au Cameroun, à Yaoundé du 22 au 23 juin 2015 pour discuter de la collaboration sur la gouvernance forestière dans le Bassin du Congo. Cet atelier a débouché sur trois recommandations.
Des estimations combinées de l’Organisation de coopération et de développement économiques(OCDE), l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDE), le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et l’Interpol mettent la valeur monétaire de tous les crimes environnementaux organisés entre 70-213 milliards de dollars USD par an. Le commerce illégal des ressources naturelles prive par ailleurs les pays en développement de milliards de dollars de revenus et d’opportunités de développement. La mauvaise gouvernance est l’une des causes principales de la situation.
L’Accord de partenariat volontaire (APV) sur l’application des réglementations forestières, la gouvernance et les échanges commerciaux (FLEGT), apparaît comme la solution pour stopper la vente du bois illégal. Depuis sa mise en œuvre dans plusieurs pays africains (Congo, Cameroun, RDC…), qu’est-ce que cet accord a apporté ? Maixent AGNIMBAT, juriste, spécialiste des ressources naturelles et développement durable estime que les Etats producteurs du bois adhèrent au plan FLEGT de l’Union européenne sur une base volontaire afin de garantir la durabilité de l’exploitation forestière. Il explique : « dans le cadre de l’Accord, le Congo et l’UE doivent veiller à limiter au maximum les impacts possibles de l’exploitation forestière sur la qualité de vie des populations. Une grille de légalité prévoit des outils d’évaluation des impacts et des mesures correctives sur le mode de vie des communautés forestières.»
Conjointement organisé par le Centre for International Development and Training (CIDT), Fern, Forest Peoples Programme (FPP) et la Community and Forest Platform Cameroun (CFP), cet atelier a été réalisé avec le soutien financier de l’Union européenne et le Department of foreign international development, a débouché sur trois recommandations : insérer dans les programmes des médias audiovisuels des émissions sur la gouvernance forestière dans les pays où cela n’existe pas encore ; dans les pays où ce type de programme existent, les comités APV/FLEGT des pays devront fournir des contenus pour les alimenter ; et encourager les partenaires à soutenir par des appuis techniques et financiers la dynamique de collaboration OSC-Parlementaires-Journalistes.
Une issue de sortie
L’APV/FLEGT, REDD+ étant au centre de la gouvernance forestière dans le Bassin du Congo, une nouvelle coalition a vu aujourd’hui le jour au niveau pays et sous-régional débouchant sur la collaboration entre parlementaires et OSC. Un modèle, disons-le, qui nourrit de l’espoir ! Pour M. SANGARE YACOUBA, Député à l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire, président du Réseau Ivoirien des Parlementaires pour la Protection de l’Environnement et des Forêts (RIPPEF), l’APV/FLEGT est une tribune pour les acteurs de la société civile de donner leurs avis sur la gouvernance forestière à travers leur collège et aussi grâce à leur présence au sein du Comité Technique de Négociation (CTN). D’après lui, la forêt marécageuse de la Tanoé, doit son existe encore grâce à la collaboration OSC – parlementaires. D’environ 6000 ha, elle a longtemps été convoitée par une entreprise agro-industrielle. «Grâce aux efforts et à la collaboration parlementaires-OSC (visites de terrain), le gouvernement ivoirien est en train de renforcer les effectifs des agents de contrôle pour une meilleure surveillance du Parc national de Taï (536 000 ha, situé à l’Ouest de la Côte d’Ivoire), inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1982», a témoigné l’honorable SANGAREY.
De son côté, l’Honorable MIRINDI de la RDC pense que leur code forestier du 29 août 2002 qui fut précédé d’un Agenda prioritaire pour la relance du secteur forestier en RDC, constitue à ce jour un instrument actualisé au service de la politique nationale en matière des forêts et des réalités socioculturelles des milieux ruraux forestiers du pays.
Une bonne initiative
Pour Hubert Aimé KOUMBA, point focal société civile, le Gabon fournit 8% du bois au niveau mondial. La filière bois gabonaise est le 2ème secteur d'emploi du pays. Pour améliorer cette gouvernance forestière, le Gabon dispose une loi 16/01 du code forestier posant les principes de gestion durable des forêts, allant jusqu’à imposer des études d’impact environnemental et social. Initié en 2014, ce processus a permis au Gabon de définir la légalité de son bois, ouvrir des pistes de solutions pour tracer les bois et mettre en place un système de vérification de la légalité.
Malgré quelques défis qui pèsent encore sur ce processus, mais des avancées sont perceptibles sur le terrain. Selon Moïse KONO, le processus de réforme de la loi forestière au Cameroun est assez avancé et a connu une contribution diversifiée des parties prenantes impliquées dans les processus de gestion durable des forêts. Une dynamique des communautés et des OSC en matière de suivi et de dénonciation des cas d’illégalité forestière est effective. La qualité des rapports de dénonciation s’améliore au jour le jour.« Les six dialogues entre gouvernement et parlement sur la gouvernance forestière ont permis à une amélioration considérable du dialogue entre les communautés et les pouvoirs publics, et une amélioration dans la mise en œuvre des politiques publiques (certains programmes et projets en lien avec la gestion durable des forêts)», a révélé Moïse KONO, Plateforme forêt et communauté Cameroun.
Jean Thibaut Ngoyi
Photo: Merline Touko Tchoko
Pour d’amples Informations, bien vouloir contacter:
Marie-Ange Kalenga
Responsable de campagne Gouvernance forestière
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