Quelle est l’importance économique et sociale du secteur forestier dans le Bassin du Congo : Cas du Cameroun ?

 

docs/news/Juin-Aout-2013/CIFOR-EC1.jpgLa réponse à cette question était au centre d’une étude conduite par le Center for International Forestry research (CIFOR). Elle avait  pour objectif d’ : « évaluer l’importance économique et sociale de la gestion et de l’exploitation des ressources forestières et fauniques ainsi que des retombées attendues des services environnementaux aux niveaux local et national au Cameroun. ». De manière spécifiques, il était question: (1) d’évaluer les avantages économiques directs et indirects générés par le sous-secteur forêt/faune et les comparer à ceux des autres sous-secteurs ruraux ; (2) de déterminer la contribution du sous-secteur forêt/faune à l’économie nationale sur la base des indicateurs macro-économiques ; (3) d’évaluer l’incidence du sous-secteur sur l’emploi (secteurs formel et informel); (4) d’évaluer la perte fiscale et économique liée aux pratiques illégales observées dans l’exploitation forestière et faunique ; (5) d’estimer les avantages économiques potentiels découlant des mécanismes novateurs de inancement (notamment la REDD+) et de l’écotourisme ; (6) d’évaluer les autres avantages sociaux et culturels du sous-secteur ; et (7) de développer un canevas- type d’évaluation de la contribution du sous-secteur forêt/faune à l’économie des États d’Afrique centrale à partir de l’étude pilote du Cameroun.

 

Les résultats de cette étude fort intéressants, ont mobilisé environ 150 personnes, représentants le premier Ministère, les Ministères sectoriels, les institutions de recherche, les représentations diplomatiques, les agences de développements et les organisations de la société civile, autour d’un atelier de restitution ce 30 Juillet 2013, .à l’hôtel Hilton de Yaoundé. Sous la conduite du Ministère des Forêts et de la Faune du Cameroun (MINFOF), cet atelier avait pour objectif de présenter aux participants, les résultats de cette étude et de recueillir leurs commentaires pouvant enrichir le document. Son déroulement a connu trois temps forts :

 

Cérémonie d’ouverture par le Secrétaire Général (SG) du MINFOF, représentant le Ministre des Forêts et de la Faune du Cameroun

 

Dans son allocution d’ouverture, le SG du MINFOF, Dr Dénis KOULAGNA a reprécisé le contexte et les motivations ayant conduit à une telle étude. Selon le SG, l’apport économique et social n’a jamais été évalué dans le passé. Pendant longtemps l’apport de ce secteur n’a jamais été pris en compte dans l’économie nationale de façon exhaustive. Poursuivant ses propos, il a souligné le fait que les résultats de cette étude serraient une contribution inestimable dans l’élaboration des politiques du secteur forestier, vu sur l’angle économique et social. Etant donné que dans le passé, la contribution du secteur forestier a toujours été perçue sous l’angle de la fiscalité.

 

L’ouverture de cet atelier par le SG, a donné la possibilité aux participants de suivre une série d’exposées concernant l’étude.

 

docs/news/Juin-Aout-2013/CIFOR-EC.jpgExposées et discussion en plénière.

 

Dans un premier temps, Dr Richard Eba’a Coordonateur régional du CIFOR a pris la place au pupitre pour présenter la méthodologie ayant soutenu l’étude. Elle se décline en quatre éléments essentiels, dont :

 

(1) analyse macro-économique des sous-secteurs forêt/faune, mine et agriculture, sur la base des agrégats de la comptabilité nationale ;

(2) identification des avantages économiques et financiers des sous-secteurs forêt/faune

(3) estimation micro-économiques des différents ; modes de valorisation de l’espace forestier camerounais ;

(4) analyse comparative des résultats obtenus par les analyses macro-économique et micro-économique.

 

Dr Eb’a a souligné les difficultés dont l’équipe a fait face à trois niveaux majeures d’accès aux données. Tout d’abord, il existe un problème significatif de collecte et d’archivage des données publiques dans les administrations : soit les données disparaissent avec le temps, soit les données sont incohérentes selon les sources d’information (entre services, ou entre services centraux et déconcentrés). Deuxièmement, de nombreux agents exercent manifestement de la rétention d’information, et ce malgré la lettre de soutien écrite par le Ministre pour cette étude. Enfin, la très grande majorité des opérateurs privés refuse de livrer, même sous le sceau de la confidentialité, des estimations sur leur chiffre d’affaires, sur leurs marges ou sur les coûts d’exploitation.

 

♦ A sa suite M. Jean Pascal Nkou, Consultant, prenant la parole, a axé sa présentation sur la Contribution du secteur forestier à l’économie camerounaise. Il a étayé le sujet en abordant les points sur : la Contribution aux indicateurs macroéconomiques, l’Interrelation entre le secteur forestier et le reste de l’économie (Consommation intermédiaires du secteur, emplois des produits forestiers dans d’autres branches), la Comparaison des recettes versées aux allocations budgétaires de l’Etat et la Simulation de quelques impacts des politiques économiques.

 

Ici, l’attention des participants ont été portée sur quelques informations capitales, à savoir :

a. La valeur ajoutée du secteur forestier a représenté de manière constante 2,7% de la valeur ajoutée globale (PIB) entre 2008 et 2010. Cette contribution est supérieure à la contribution du secteur minier hors pétrole (0.18% du PIB en 2010) et inférieure à celle du secteur Agricole. Cette première comparaison ne décrit pas le potentiel réel de chaque secteur car au cours de la période considérée, le secteur Agricole a bénéficié de plus de ressources que les autres secteurs.

b. En 2010, le secteur forestier a contribué à hauteur de 49% dans les impôts et taxes au Cameroun,

c. 73% des produits du secteur sylvicole sont utilisés comme consommation intermédiaire par d’autres branches contre 44% et 17% pour les secteurs minier et agricole respectivement

d. Dans l’ensemble des salaires versés par les secteurs Agricole, Minier et Forestier en 2010, le secteur forestier en a verse 69,20%.

e. Le secteur forestier étant en développement, il offre des possibilités de développement au Cameroun si on venait à passer aux 2ième et 3ième transformations du bois et une meilleure valorisation des produits forestiers non ligneux.

f. L’estimation des avantages de l’adhésion à de nouveaux mécanismes de financement et à la promotion de l’écotourisme a été réalisé : (1) valorisation des produits forestiers camerounais - un accroissement de la demande de consommation finale de 100 GFCFA, la richesse globalement crée représenterait 66,6% de la production totale supplémentaire du secteur. (2) produits forestiers et fauniques sont utilisés dans l’économie pour un montant supplémentaire de 100 GFCFA, la production va s’accroître de 154 GFCFA et la richesse réellement créée sera de 81 GFCFA soit 52.59% de la production.

g. Une Simulation souligne que le  mont Kilimandjaro compte en moyenne 35 000 visiteurs par an contre environ un peu moins de 2000 au mont Cameroun de plus, un visiteur paye entre 995 euros et 1100 euros soit en moyenne 720 000 FCFA en Tanzanie contre seulement 63 500 FCFA au Cameroun d’après MCEO. Tout calcul fait, le mont Kilimandjaro apporte des devises d’environ 25 Milliards de FCFA par an à la Tanzanie sans compter les frais d’hôtels des touristes, les achats de souvenirs etc. Le Cameroun lui ne reçoit qu’environ 127 Millions du Char des dieux (Mont Cameroun).

 

Une analyse thématique du secteur forêt-faune

 

Dans le même registre de présentation sur la contribution du secteur forestier dans  l’économie du pays, les présentations qui ont suivi celle de M. Nkou, ont fait une analyse thématique du secteur forêt-faune.

Les experts qui se sont succédés sur le pupitre, ont relevé la contribution dans le chiffre d’affaire, dans les valeurs ajoutées, dans le PIB et dans l’emploi des différents thématiques du secteur forestier, notamment : La filière Bois industriel, la filière poteaux Eucalyptus, l’exploitation artisanale du bois d’œuvre, la filière bois-énergie, les Produits Forestiers Non Ligneux d’origines végétales , la chasse villageoise, la chasse sportive, les aires protégées, les Services Environnementaux(Carbone, Eau, Sol).

De ces présentations il ressort que ces différentes thématiques du secteur forêt-faune contribuent en terme de :

a. 768,33 milliard de FCA/an au chiffre d’affaire,

b. 496 milliard francs CFA/an à la valeur ajoutée,

c. 4,3% au PIB et de 4,63% au PIB Hors Pétrole.

d. 200 000 emplois dont 14% du secteur formel et 86% du secteur informel,

 

Par ailleurs il ressort que, ces différentes thématiques ont des impacts considérables sur les autres secteurs comme le tourisme.

 

A la suite de ces présentations, la réaction des participants ne s’est pas fait attendre, car les interventions ont porté sur la pertinence de la méthodologie employée pour obtenir ces résultats et sur les dispositifs à mettre en place afin d’avoir des données statistiques fiable.

 

Des recommandations fortes formulées...

 

Les recommandations formulées pendant la séance plénière, ont été capitalisées par le MINFOF et devront être utilisées pour élaborer une feuille de route. Elles concernent principalement des recommandations post-étude :

 

a. La prise en compte des résultats de l’étude dans la stratégie sous-sectorielle lors de son alignement à la stratégie du secteur rural

b. l’amélioration des productions statistiques

c. la réduction de l’exploitation artisanale illégale

d. la valorisation des PFNL

e. la transformation plus poussée du bois

f. la filière Bois - Energie

g. la valorisation des Aires protégées et Développement de l’écotourisme

i. et le paiement des Services environnementaux

 

C’est au terme de ces recommandations que l’atelier s’est achevé avec une note de satisfaction du Ministère des forêts et de la faune, dont le désir est de voir ce rapport être produit et mis à la disposition du public.


 

Information importante.

 

Pour une meilleure compréhension du cadre de réalisation de cette étude, il faut revenir aux tractations l’ayant précédé. En effet, pour situer cette étude dans son « histoire », il faudrait revenir au plaidoyer engagé  au cours de la Facilitation canadienne du PFBC par les partenaires ex-Facilitation du PFBC en faveur du mécanisme de financement autonome de la COMIFAC. Lequel, plaidoyer conduisit les Chef de Mission Diplomatique des pays Ex-Facilitateur du PFBC auprès des ministres de finances et des primatures de certains pays du Bassin du Congo. L'idée de l’étude était de mieux alimenter le plaidoyer visant à convaincre les Ministres des finances et les Primatures de l'importance de la contribution du secteur à l'économie nationale mais aussi à l'amélioration des conditions de vie des populations locales et par le même biais à la paix sociale. Pour que cette contribution soit durable, la gestion des forêts devait l'être aussi, ce qui impliquait que les ministères en charge des forêts et de l’environnement dispose des ressources appropriées. Compte tenu que cette gestion a des implications transfrontalières, il était tout aussi important que les gouvernements de la sous région assume ses responsabilités vis à vis la COMIFAC.

 Un des résultats des échanges  avec les ministres de finances et les primatures était de faciliter la production des données comparatives dans les domaines économiques et sociaux du secteur des forêts et de la faune avec les autres secteurs de la vie économique et sociale. Ce qui pourrait à terme justifier un accroissement éventuel des investissements dans le secteur forêt. L’équipe de la Facilitation canadienne, mesurant l’importance de la production de telles données avait alors développé les termes de référence en vue d’une étude sur l’importance économique et sociale de la gestion et de l’exploitation des ressources forestières et fauniques, ainsi que des retombées attendues des services environnementaux aux niveaux local et national dans chaque pays du Bassin du Congo -  Des échanges bilatéraux entre la Facilitation canadienne du PFBC et le choix du Cameroun pour le lancement de cette étude s’était avéré nécessaires pour deux raisons :  (1) servir de hôte pour l’étude et constitué la première étude de cas et  (2) assurer le financement de l’étude.

 

Le Rapport final sera disponible très prochainement.

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