Telos-Total et les forêts

 

 

Le PDG de Total, Patrick Pouyanné, a annoncé le 6 juillet « constituer une ‘business unit’ pour investir dans des projets qui préserveront les forêts pour un budget de 100 millions de dollars par an ». Il ajoute « Le moyen le plus efficace aujourd'hui d'éliminer le carbone, pour moins de dix dollars la tonne, c'est la reforestation (…) Ce n'est pas de la philanthropie, ça se veut être de l'investissement à moyen et long terme ».[1] Cette annonce emboîte le pas aux intentions de Shell, exprimées en 2017, qui visent à « réduire l'empreinte carbone nette de ses produits énergétiques d'environ la moitié d'ici 2050 » (Les Echos, 29/11/17)[2].

 

 

Le groupe Total a déjà manifesté son intérêt pour des projets forestiers en réorientant, en 2017, les missions de mécénat de sa Fondation sur des soutiens à des projets visant à conserver des forêts, développer l’agroforesterie, reboiser des espaces dégradés ou stocker du carbone dans les sols à travers des pratiques agricoles. Mais si la Fondation intervient à la hauteur de quelques millions d’euros par an, un investissement de 100 millions par an représente un changement d’échelle considérable. Le PDG de Total laisse entendre que ces investissements permettront au Groupe de compenser au moins une partie de ses émissions liées aux activités de production, de transport et de raffinerie du pétrole. De fait, la « compensation carbone » est de plus en plus mise en avant par de nombreuses entreprises, mais aussi par l’aviation civile internationale qui s’est engagée à plafonner ses émissions globales au niveau qui sera atteint en 2022. Traduisez : les émissions réelles vont continuer à s’accroitre avec le trafic passager, mais les compagnies compenseront en achetant des crédits carbone à des projets ou des territoires ayant « réduit leurs émissions » ou séquestré du CO2. Parmi eux, des projets forestiers.

 

 

Planter des arbres ou protéger des forêts permet-il de compenser des émissions de gaz à effet de serre d’une manière telle qu’elle puisse autoriser à parler de « compensation » voire de « neutralité » carbone, surtout quand il s’agit d’entreprises pétrolières et gazières dont l’empreinte directe et indirecte est considérable ?

 

 

Il est clair que les arbres, lorsqu’ils sont en croissance, absorbent du CO2 via la photosynthèse. C’est pourquoi on parle d’un « puit de carbone » biologique. On estime, même si de très grandes incertitudes entourent ces chiffres, que les écosystèmes terrestres (forêts, mais aussi prairies, cultures, sols…) retirent chaque année (période 2008-2017) environ 29 % du CO2 émis par l’homme[3]. Les océans en absorbent environ 22%. Très utile, mais insuffisant pour empêcher la croissance du stock de dioxyde de carbone dans l’atmosphère d’environ 17 milliards de tonnes (17 Gt CO2) par an, sans compter les autres gaz à effet de serre.

 

 

Il y a cependant plusieurs problèmes, bien connus des scientifiques mais moins du public, qui sont la surface nécessaire à consacrer aux forêts (les forêts plantées entrant potentiellement en concurrence avec les cultures alimentaires et les pairies), le temps nécessaire pour fixer du CO2 dans les arbres (alors que les émissions se retrouvent immédiatement dans l’atmosphère) et la durée de stockage du carbone dans les arbres. Sur ce dernier point, quelques approfondissements sont nécessaires.

 

 

La « non-permanence » du stockage dans les écosystèmes terrestres

 

Le GIEC ayant fixé, de manière conventionnelle, le temps de résidence dans l’atmosphère (donc la durée de son effet de « forçage radiatif ») d’une molécule de CO2 à 100 ans (étalon pour mesurer les pouvoirs radiatifs des autres gaz), il est souvent suggéré que la neutralisation complète de l’effet climatique de l’émission d’une unité de CO2 implique une séquestration équivalente de ce gaz dans la biomasse pour une durée d’un siècle. Ceci est plus une convention nécessaire à la comparaison avec les autres gaz à effet de serre qu’une donnée de la chimie atmosphérique (le GIEC indique que le temps de résidence varie entre 5 et 200 ans[4]), puisqu’une fraction du CO2 émis reste très longtemps dans l’atmosphère. En fait, il n’y a pas de réaction purement chimique au sein de l’atmosphère qui élimine le CO2 (contrairement au méthane). C’est l’absorption biologique ou sa dissolution par les océans qui joue ce rôle. Ce qui compte dans le forçage radiatif global c’est la quantité de CO2 en excès qui reste dans l’atmosphère (lié au fait qu’il y a plus d’émissions que d’absorption au niveau global). Plus le stock de CO2 dans l’atmosphère est élevé, plus le temps moyen de résidence s’accroit. Le spécialiste de la chimie atmosphérique, D. Möller, estimait à 500 ans le temps moyen de résidence du CO2 dans l’atmosphère à la fin des années 2000, mais celui-ci passerait à 650 ans avec un niveau de concentration de 500 ppm (parties par million) dans l’atmosphère (à 415 ppm aujourd’hui)...

 

En savoir plus...

Retour

Actualités du PFBC

Actualités

Le Ministre Raymond Mbitikon de la République centrafricaine : Nouveau Co-Facilitateur de la République fédérale d'Allemagne du PFBC

C’est à Fafara ( Bimbo) en République centrafricaine que le nouveau Co-Facilitateur du PFBC voit le jour en 1951. Son cursus scolaire va être couronné par l’obtention entre autres d’un diplôme d’Ingénieur des Techniques Forestières et d’un Certificat des Techniques et Gestions des Projets de Développement.

En savoir plus...

Les partenaires de suivi du processus de N’Djamena et du Plan d’action de Douala au autour du Facilitateur de la République fédérale d’Allemagne, l’Honorable Dr Christian Ruck

Tous mobilisés au cours d’une conférence virtuelle, les partenaires du PFBC en rangs serrés et engagés font le point sur la mise en œuvre de la Déclaration de N’Djamena (janvier 2019) et du plan d’action de Douala (décembre 2019) sur la sécurité, la lutte anti-braconnage, l’encadrement de la transhumance et la circulation des groupes armés entre le Sahel et l’Afrique équatoriale…

En savoir plus...

Cameroun - Secteur bois: Jules Doret Ndongo, le ministre des Forêts et de la Faune, reçoit les doléances des entreprises forestières - Cameroon-info

Le ministre des Forêts et de la Faune (MINFOF), Jules Doret Ndongo, a reçu les doléances des entreprises forestières le 27 mai 2020 à Yaoundé, par l’intermédiaire de Giogio Giorgetti, le président du Groupement de la filière bois du Cameroun (GFBC).

En savoir plus...

Bas-Uele/ Urgent: encore une nouvelle incursion de la coalition Mbororo-LRA à Dignoli – orientalinfo

Une psychose règne depuis l’après-midi de ce vendredi 22 mai 2020 au centre de négoce de Bili et dans les villages environnants en territoire de Bondo dans la province du Bas-Uele.

En savoir plus...

55 personnes kidnappées par des présumés LRA à Bondo - Bas-Uele – Radio Okapi

Cinquante cinq personnes ont été kidnappées par les présumés éléments de la LRA lors d'une double incursion le 18 et le 19 mai, dans les localités de Bili et de Baye, en territoire de Bondo (Bas-Uele).

En savoir plus...

Marche des jeunes contre l’insécurité à Bili - Bas-Uele – Radio Okapi

Des jeunes gens ont organisé une marche samedi 23 mai matin pour dénoncer l’insécurité devenue récurrente dans la contrée de Bili située à plus ou moins 200 km du chef-lieu du territoire de Bondo dans la province du Bas-Uele.

En savoir plus...

Nouabalé-Ndoki National Park/ Bulletin mensuel | Avril 2020

"A l'heure où de nombreux pays entament leur déconfinement progressif et où pointe à l'horizon une lueur d'espoir pour nous tous de retourner à une vie normale, je souhaitais vous annoncer une bonne nouvelle qui nous emplit aussi d'espoir pour l'avenir du Parc National de Nouabalé-Ndoki."

En savoir plus...

Démarrage du Projet d’Appui au Développement de la Formation Continue dans la Filière Forêt-Bois en Afrique Centrale (ADEFAC) - ATIBT

La finalité du projet est de contribuer à la gestion durable des forêts du bassin du Congo, via le développement d’une offre de formation continue pour la filière forêt-bois (amont et aval) dans les pays d’Afrique centrale.

En savoir plus...

Archive des actualités du PFBC

2024

Aucune actualité disponible.